Pour nous qui fréquentons le président guinéen depuis tant d’années, sommes surpris, totalement abasourdis et complètement désorientés lorsque nous lisons ou entendons çà et là certains procès (d’intention) faits gratuitement à Alpha Condé.
Il nous arrive, je suis persuadé ne pas être le seul dans ce cas, de nous interroger un million de fois sur le sens et le but du débat ethnique nauséabond qu’on colle au leader guinéen depuis son arrivée au pouvoir.
A défaut de réponses logiques à ces récurrentes accusations, je suis arrivé à une seule conclusion : ceux qui traitent Alpha Condé d’ethno ou d’anti-Peuls ne le connaissent absolument pas et ne l’ont sans doute jamais fréquenté. Ils se sont contentés de lui attribuer la paternité d’une situation politique née avec l’instauration du multipartisme intégral en Guinée. Grossière erreur !
Je suis d’autant plus surpris que ces accusations proviennent souvent d’intellectuels reconnus ou plus généralement de leaders politiques et d’opinions confirmés. Que cela vienne du bas peuple, on peut tenter de l’expliquer, mais que des… « Sommités » se prêtent volontairement à ce jeu dangereux dépasse l’entendement.
Bien évidemment, cet état de fait entretenu à dessein confirme l’adage… peul selon lequel : « pour craindre Dieu, il faut d’abord le connaître ». Or ici, on jette l’anathème et le discrédit sur le président guinéen sans chercher (simple mauvaise foi ou volonté de nuire) à véritablement cerner et connaître ni son parcours, encore moins ses fréquentations depuis les bancs du lycée. Qu’importe d’ailleurs ! L’essentiel pour ceux qui s’adonnent à cette pratique est de remuer là où ça peut faire mal afin d’obtenir les dividendes escomptés.
C’est cynique mais dans un pays comme la Guinée, cela fait recettes. Notre démocratie se nourrit trop souvent de débats à relents ethniques et communautaires. Tant pis pour les conséquences sur le tissu social que l’on rêve de voir en lambeaux. Sinon, comment diantre expliquer qu’on surfe dessus à longueur de discours et de diatribes d’une autre époque ?
Pour ma part, je peux témoigner que jeune journaliste, j’ai découvert Alpha Condé (comme de nombreux Guinéens) au début des années 90. J’ignorais jusque-là tout de l’homme. Contrairement à Siradiou Diallo par exemple, que je connaissais mieux, à cause notamment de son parcours à Jeune Afrique. D’ailleurs, si je suis devenu journaliste, c’est en partie parce qu’adolescent, je voulais suivre le chemin qu’il avait tracé tout au long de sa riche carrière. J’avoue donc avoir fait les premiers pas pour aller à la rencontre de l’ex-leader du PRP puis de l’UPR… Il était pour moi une icône dans son métier !
Quant à Alpha Condé, je n’ai pas eu besoin de le « démarcher ». Il m’a certainement « découvert » à travers mon modeste travail au journal L’Indépendant et m’a ouvert ses portes tout en m’offrant son amitié et sa fraternité sans jamais chercher à savoir ni d’où je venais, ni surtout à quelle ethnie j’appartiens, moi qui suis né à Dalein, au cœur du Foutah Djallon.
Durant toutes ces années, Alpha Condé ne m’a jamais posé de questions sur mes origines (jusqu’aujourd’hui d’ailleurs) mais plus important, je ne l’ai jamais entendu évoqué l’ethnie pour justifier ses décisions ou ses amitiés.
Au contraire : le président guinéen a horreur de se voir enfermer dans un quelconque carcan communautaire. Tout le monde se souvient (mais ses adversaires préfèrent ne pas l’évoquer) de son fameux « Malinké, Malinké, c’est quoi… ? » marteler au siège de son parti. Discours qui avait failli faire imploser les bases du RPG. De l’histoire ancienne désormais. Le linge salit par les convictions profondes du fondateur du parti a été lavé en famille.
Tout homme politique d’envergure a une base électorale. Delà à en devenir prisonnier… c’est un pas que l’ancien opposant historique a dû mal à franchir. Quitte à mécontenter une partie de son électorat. Ceux qui le fréquentent régulièrement savent qu’à ce niveau, Alpha Condé n’a pas changé sa vision cosmopolite de la Guinée. Son métissage culturel et son ancrage idéologique sont passés par là. Et ce n’est pas un débat.
A plusieurs reprises, le président guinéen a eu des altercations avec certains de ses collaborateurs qui ont parfois des difficultés pour mettre en œuvre cette ouverture vers toutes les composantes de la Nation. Chaudes ambiances !
Si seulement les murs de Sékhoutoureya pouvaient parler, de nombreuses fausses certitudes injustement collées à la peau d’Alpha Condé se… fracasseraient à la figure de ceux qui les véhiculent. De ces mille morceaux de calomnies, jaillirait finalement cette vérité limpide : non, Alpha Condé est tout sauf un… anti-Peul.
Aladji Cellou
Journaliste