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Morts d’hommes pendant les manifestations en Guinée : «Il est temps d'agir pour faire payer les exécutants et leurs commanditaires…» (Alpha Saliou Wann)

Les jeunes abattus froidement et lâchement par les forces de répression hier lundi, sont les morts de trop. Ils sont une centaine de jeunes gens assassinés impunément depuis l'arrivée au pouvoir d'Alpha Condé. Nous ne devons plus nous contenter que des déclarations de condamnation de ces actes barbares, il est temps d'agir pour faire payer les exécutants et leurs commanditaires.


Je rappelle qu'après les massacres du 28 septembre 2009, la France avait suspendue sa coopération militaire avec la Guinée. La France est notre principal partenaire en termes de formation et d'équipements de la Gendarmerie nationale et de la Police nationale. Nos associations de la société civile, en particulier celles de France et nos personnalités les plus en vue à l'international doivent se mobiliser pour interpeller le président français Emmanuel Macron et des parlementaires français pour suspendre la coopération française avec ces deux corps de nos forces de sécurité qui sont formés et équipés par la France en leur soulignant que leur aide sert en fait à tuer des civils Guinéens sans défense. Des coupeurs de routes, des bandits sévissent partout dans le pays, la criminalité a atteint un niveau extrême dans l'indifférence de ces forces de sécurité, ce qui veut dire que le seul objectif assigné par le pouvoir, c'est de tuer des manifestants, semer la terreur dans les quartiers réputés proches de l'opposition. Ce lobbying auprès des autorités françaises est nécessaire et même doit être étendu à tous les pays qui soutiennent ces forces de répression.


Je sais que l'opposition, notamment l'UFDG détient des documents qui recensent dans les moindres détails les crimes commis contre des civils lors des manifestations. Des autopsies ont été effectuées, les balles retirées des corps existent, bref des éléments de preuves existent. Il faut sans délai constituer des dossiers pour porter plainte contre l'Etat guinéen devant la Cour de justice de la CEDEAO. C'est une première étape, qu'on pourrait franchir dans la traque des assassins.


Comme le parquet, qui est sous l'autorité du ministre de la Justice, n'a ouvert aucune enquête sur ces assassinats, les députés du groupe parlementaire de l'opposition dirigé par l'UFDG doivent solliciter du bureau de l'Assemblée nationale, l'ouverture des enquêtes parlementaires sur ces tueries, mais surtout utiliser leur droit aux questions écrites ou orales adressées aux membres du gouvernement qui sont obligés d'y répondre et leurs réponses sont publiées dans le Journal Officiel de la République. Ainsi, avec l'aide de leurs avocats, ils peuvent rédiger des questions précises sur tous les cas d'assassinats identifiés depuis 2011 à l'adresse des ministres de la Défense nationale et de la Sécurité publique. Ces derniers connaissent exactement quelles sont les unités de la Gendarmerie et de la Police qui sont intervenues dans chaque zone où leurs forces ont exécutées leur sale besogne. C'est ce travail parlementaire qui compte aux yeux de l'opinion publique nationale et internationale et qui peut servir dans la quête de la justice pour nos victimes. Il faut le faire pour nos martyrs. Les questions sont valables pour le ministre de la Justice pour qu'il s'explique sur l'inaction de son parquet si prompte à convoquer et à incarcérer même un député sans lever son immunité parlementaire. Les ministres ne pourront pas se dérober devant l'obligation constitutionnelle de répondre aux questions de la représentation nationale.


Ces criminels et leurs commanditaires voyagent tranquillement à l'étranger, notamment dans les pays occidentaux où ils placent les butins de leurs rapines, y possèdent des biens immobiliers, par notre travail méticuleux, notamment à l'Assemblée nationale, nous pouvons les identifier et communiquer leurs dossiers à ces pays pour qu'ils puissent prendre des sanctions contre eux.


Il est temps qu'on se lève pour pourchasser ses tueurs. C'est la pugnacité et la persévérance d'une seule victime du président tchadien Hissène Habré, qui est parvenue à mobiliser les grandes ONG internationales et africaines pour réussir à le faire condamner par un tribunal spécial à Dakar. Des associations de pays africains ont fait de même pour faire engager en justice les poursuites judiciaires dans les affaires "des biens mal acquis" des clans familiaux de certains présidents.

Au lieu de fustiger la complaisance des organisations internationales, reconnaissons que nous n'avions rien fait concrètement pour qu'elles agissent en notre faveur. Ailleurs, ceux qui sont tenaces et efficaces parviennent à actionner la machine internationale pour faire payer leurs bourreaux.


Ce sont les moyens légaux à notre disposition pour faire cesser l'impunité dans notre pays.

Par Alpha Saliou Wann

Acteur politique

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