La Guinée est à la croisée des chemins. 2020 sera sans doute l’année de toutes formes de crises. Malgré les contestations des opposants, des syndicats, et une partie de la société civile, le pouvoir d’Alpha Condé semble plus que jamais prêt à en découvre avec ses adversaires, ou s’il faut, avec tous les opposés au régime.
D’abord, la contestation sociopolitique. Devant une opposition qui ne veut participer aux élections législatives qu’elle juge truquer pour aboutir à une mascarade électorale, Alpha Condé et ses soutiens, semblent déterminer à aller sans elle. Le Président de la République l’a confirmé mercredi soir, par le biais d’un décret, dans lequel il fixe les dates de début et de fin de la campagne électorale.
Malgré les irrégularités dénoncées dans le processus devant conduire au renouvellement du parlement, le RPG Arc-en-ciel et ses alliés, aussi, des partis d’opposition de poids plume, qui se sont égarés de leur ligne de conduite, vont compétir. Mais, ça sera sans les grands ténors de l’opposition politique dont entre autres, Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, Sidya Touré de l’UFR, Faya Millimouno du BL, Lansana Kouyaté du PEDN, Ousmane Kaba du PADES, Bah Oury de l’UDD.
Le scénario nous rappelle les années 2001-2003. Premièrement, l’année du référendum appelée « Koudéisme » en 2001, qui a permis à l’ancien Président, Lansana Conté, de se maintenir au pouvoir. Deux années après les législatives sont organisées avec une forte contestation de l’opposition d’alors. Je citerai par exemple l’actuel chef de l’Etat, qui s’était farouchement opposé au changement constitutionnel et à ces élections tenues pour maintenir un vieux militaire au pouvoir.
Le même scénario se répète. L’opposant d’avant, l’opposant historique, viole les règles, arrivé au pouvoir. Alpha Condé incarnait pourtant l’espoir. En démocratie, le parti présidentiel, doit avoir une opposition forte dans une élection pour prouver son assise sur l’ensemble du territoire. Sauf que là, ce n’est pas le cas.
L’absence des principaux leaders de l’opposition aux élections législatives, va sans nul doute conduire le pays vers le chaos. Les faucons s’en réjouissent de l’évolution de la situation. Déjà, les contestations deviennent plus terribles dans certaines parties du pays. Et si cela s’agrandissaient ? Le pouvoir n’a pas certainement réfléchi aux conséquences qui adviendraient ? Mais les faucons l’ont vite planifié. Ils savent ce qui attend la Guinée, le pays de Sékou Touré.
Nous ne sommes plus loin de l’époque 2009, l’année à laquelle la contestation avait emporté plus de 150 personnes au stade du 28 septembre. Sans aussi compter le nombre de femmes violentées et violées, et les portés disparus.
En attendant, il faut dire, que la crise s’enlise. Le pouvoir qui semble maitrisée la situation en déployant des unités de maintien d’ordre sur l’ensemble du pays, pourrait se retrouver dos au mur. Les années 2006-2007, devaient pourtant inspirer le locataire du Palais Sékhoutouréya et ses compagnons de lutte.
Avec cette envie d’organiser des élections non inclusives, mais aussi le désir de changer vaille-que-vaille la Loi fondamentale en vigueur par référendum, notons que déjà, plusieurs vies ont été arrachées, l’on pourrait s’imaginer de la suite du feuilleton.
Dans le secteur de l’éducation, le puissant syndicat dirigé par Aboubacar Soumah, qui revendique une amélioration de conditions salariales, se voit confronter à des ennuis judiciaires. Plusieurs enseignants sont mis aux arrêts et détenus après avoir été inculpés par la justice. Leurs dossiers s’ouvrent ce lundi au Tribunal de Première Instance de Mafanco.
Le secrétaire général du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG) ne veut point entendre de négociations sans que leurs camarades ne soient libérés. La centrale Syndicale à laquelle il est affilié, a, dans une déclaration, condamné avant de demander la libération des Syndiqués. L’USTG, qui regroupe plusieurs structures syndicales du monde des affaires, pourrait déclencher une grève si les enseignants ne sont pas relâchés dans un bref délai. Malgré tout, le pouvoir est droit dans ses bottes.
La fin de la crise n’est pas pour demain !
A suivre…
Alpha Madiou BAH
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