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Kankan : A l’hôtel As-salam la prostitution et l’alcool sont interdits

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« Dans cet établissement l’alcool et la prostitution sont formellement interdits ». C’est ce qu’on lit sur la plaque de bienvenue affichée à la rentrée de l’hôtel As-salam, situé au quartier Senkéfoura, dans la commune urbaine de Kankan. Un hôtel pas comme les autres. Pour en savoir plus, notre reporter a rencontré le PDG de l’hôtel, El Hadj Lamine Cissé. Dans cet entretien, il parle de son parcours, de sa motivation à construire un hôtel et surtout des règles tout à fait particulières qu’il s’impose dans la gestion de son établissement.

Globalguinee.info : Bonjour M. Cissé, présentez-vous à nos lecteurs

El Hadj Lamine Cissé : Je suis El Hadj Lamine Cissé, PDG de l’établissement hôtelier As-salam. J’ai quitté la Guinée à l’âge de trois ans avec mes parents pour la Côte d’Ivoire à Man où j’ai fait mes études primaires et secondaires. Après quoi, j’ai intégré la fonction publique de ce pays où j’ai travaillé aux finances pendant 13 ans. Par la suite, j’ai demandé une indisponibilité pour faire des affaires et autres business. Finalement, je suis allé au Burkina Faso. Je me suis marié là et resté pendant 19 ans. A partir du Burkina, j’ai réalisé cet hôtel et deux autres villas dont une au village. En 1999, je suis revenu en Guinée et j’avais de l’argent. Après une série de consultation, notamment avec l’imam adjoint de Kankan El Hadj Kaba et voyant qu’il y avait peu d’hôtel, je me suis engagé à construire un complexe hôtelier. Sauf qu’étant musulman, il fallait prendre des garde-fous pour espérer le paradis après la mort. C’est ainsi que je me suis inspirer d’un hôtel appelé As-salam où j’ai logé plusieurs fois à Niamey au Niger. Dans cet hôtel l’alcool et la prostitution sont interdits. Et puisque Dieu ne prend l’homme que par son intention, je me suis engagé dans la construction de cet hôtel en indiquant clairement des règles strictes l’interdiction formelle de l’alcool et de la prostitution. Aujourd’hui, je me réjouis.

Justement, ces règles sont difficiles à respecter dans un hôtel, non ?

Oui, mais avec le courage et la détermination, on aboutit toujours. Je suis moi-même le gérant de l’hôtel. Celui qui vient avec une femme, je cherche à savoir si effectivement c’est sa femme, je lui explique les règles de l’hôtel. Si j’ai un réel doute sur lui, il jure sur le coran ou je le renvoie. De l’argent oui, mais de sources licites. Je suis musulman pratiquant. Je suis même conseiller et muezzin à la mosquée se trouvant à 30 mètres de l’hôtel.

Revenons à l’hôtel As-salam, une brève description, combien de chambres…

Il y a 18 chambres au total dont 10 climatisées et les autres ventilées avec l’eau et l’électricité 24 heures sur 24. Concernant la nuitée, il y a trois catégories : les suites climatisées à 350 000 GNF, les mini-suites climatisées à 250 000 GNF, les chambres ventilées avec des lits de tris places à 200 000 GNF et les chambres avec des lits de deux places à 150 000 GNF. Actuellement, j’ai trois employés.

Peut-on avoir une idée sur le coût de réalisation de votre établissement ?

Ce n’est pas facile de donner un chiffre exact, mais c’est aux alentours de 90 millions de FCFA. C’est environ 1 400 000 000 GNF à l’époque au moment où un sac de ciment coûtait 30 milles GNF.

Mais on investit dans l’espoir d’obtenir des bénéfices. Avez-vous réussi à amortir votre investissement ?

Non, loin de là. L’hôtel ne marche pas avec les conditions que j’impose. Ici, il faut être un sérieux pour loger dans cet établissement. Comme vous le constatez, sur les 18 chambres, il n’y a que 6 qui sont occupées. Mais je vis avec le peu que je gagne.

Dans votre établissement, l’alcool et la prostitution sont interdits. Les raisons ?

C’est la peur de Dieu. On est musulman pratiquant et nous aspirons au paradis. Dieu a interdit l’alcool dans le Saint Coran et Il (Dieu) a dit « éloignez-vous de l’adultère ». Quelqu’un qui prend l’alcool peut tuer sans se rendre compte.

Vous avez combien d’employés et comment vous les traitez ?

Nous n’en avons pas beaucoup puisque l’hôtel ne marche pas. Nous avons trois employés. Un le jour et deux la nuit et moi-même. Je rentre à la maison vers minuit quand je me rassure que tout est en ordre. J’ai pris le soin de prendre des jeunes qui, à ma connaissance, ont peur de Dieu. Ils perçoivent tous un salaire mensuel de 500 000 GNF chacun.

Dans le cadre de la lutte contre Ebola, nous avons reçu Médecins sans frontières (MSF) qui ont choisi mon hôtel avec une forte somme de 40 millions par mois durant quatre mois. Ils m’ont posé la question combien, je paie mes employés. J’ai donné la même réponse. Ils ont trouvé cela trop petit. Ils ont dit qu’ils vont payer les employés à 2 millions par mois durant leur séjour. Ils ont même engagé six autres personnes pour leur besoin de cuisinier, de gardien etc.

Se sont-ils engagés à respecter les règles avant de s’installer ?

Naturellement, les règles sont affichées à la porte et à la réception. Dès qu’ils sont venus, on a échangé et ils se sont engagés à respecter les règles sans quoi ils ne seraient pas logés ici. Maintenant est-ce qu’ils ont respecté leur engagement ? C’est difficile quand même pour un européen de rester sans l’alcool, j’imagine, mais je m’en tiens à l’engagement et durant leur séjour, je n’ai jamais vu quelqu’un d’entre eux violer les règles à moins qu’ils se soient cachés de moi. De toutes les façons, ils n’étaient pas obliger de s’engager à respecter les règles puisqu’il y a actuellement beaucoup d’hôtels à Kankan et c’est le seul qui applique ces règles.

Votre mot de la fin ?

Je lance un appel au musulman de Guinée de respecter les principes de l’islam. Pour certains, c’est l’argent ou rien et moi ce n’est pas comme ça. Tout le monde sait ce que Dieu a interdit au musulman. Faire comme moi, c’est aussi rendre service à ses concitoyens, c’est faire de l’humanitaire. Je peux réduire les prix officiels s’il y a une nécessité. C’est une façon d’accumuler beaucoup de bénédictions.

Notre correspondant depuis kankan pour global guinee